Homère célébra les colonnes d’Hercule Affirmant qu’au-delà, des peuples audacieux Méprisèrent la Loi, pressant leur crépuscule La fatuité de l’homme ayant défié les cieux.
Des tremblements de terre, aunes de grands malheurs Morcelèrent ce monde en îles isolées La goétie des rois et des grands gouverneurs Fut d’élever plus haut d’immenses mausolées.
Séismes ,tsunamis, ouragans et tornades Une terrible nuit noyèrent les îlots Nulle âme n’échappa au bris des colonnades, La terre des géants s’enfonça dans les flots
Poséidon voulut que l’homme impénitent Pût lire en l’océan la colère céleste La mémoire de l’eau, jusqu’à la fin des temps Sculpte le souvenir du supplice funeste
Les ors du crépuscule embrasent l’horizon, Vestige vaporeux d’un temple évanoui, Fronton cyclopéen rougi par un tison, Fragments, lambeaux épars d’acrotère enfoui…
La mer enroule au loin d’énormes péristyles, Les colonnes lovées au sein des vagues fortes Ondulent tel un flot de dolentes distyles, Ultimes souvenirs de ces majestés mortes.
Le marbre vert se voûte, et des veines d’albâtre Enluminent les eaux d’éclats teintés d’argent, Y miroitent parfois dans une ombre idolâtre D’anciens dieux endormis au reflet résurgent
La blanche cité d’Ys, l’Atlantide punie, Quel continent perdu continue d’imprimer Aux flux et au reflux cette forme infinie, Ce souvenir perdu que l’eau veut exprimer ?
Le couchant flamboyant, l’orbe de l’onde ronde Nous content tous les soirs cet ancien cataclysme… Et dorment ces débris en notre cœur où gronde Un vaste vague à l’âme, aveu de l’atavisme…