Goélette qu’espère femme de marin, Aux yeux de brume, aux pieds d’écume, Sous un rayon de lune qui l’emplit de chagrin Au lointain du flot bleu, conte son amertume
Le morne cantique qu’entonne la mer, Au ciel d’automne dit le fatum du pêcheur, Fait de drisses et d’abysses, de roches et d’amers, Et brille dans son oeil des brisants la blancheur
Maelstroms, ouragans, cyclones pour aiguades En de noirs tourbillons entraînent terre-neuvas, Dans le génois, mugit le vent, triste bagad, Pour avoir au grand banc troqué son galetas
Brumes, embruns, écumes et vagues brunes Burinent son visage aux fines rides d'airain Polies par le sable d’or des lagunes Ou râpées, creusées, par l’âpreté des grains
Des ombres graciles dansent sur des Doris, L’astre sélène ceint d’une étrange pâleur Les petites nèpes mais la nuit complice Charrie le reflet lisse de l’homme au labeur
Les lourdes rames courbent et forcent le flot, Qui reflue et revient puis recule encor, Et la lame renâcle devant l’affront du Ho ! Poussé par les marins en inspirant l’effort
Les longues lignes de fond arrachent le trésor Que la mer, jalouse, jusque dans ses entrailles, Défend farouchement en menaçant de mort Ce breton audacieux qui lui livre bataille !
Reverras tu le port, ô ami courageux ? Une marée d’avril t’emporta vers le large, Bravant un avenir parfois si nuageux Que nos regards perdus ballottent tels une barge