J'ai cueilli une feuille au rameau de jasmin, Comme l'amour l'a fait avec mon cœur sénile; Parmi la multitude, au détour d'un chemin Parsemé çà et là, d'une langueur fébrile.
Peu à peu défraîchit son vert des jours heureux Et sa sève orpheline, en une vapeur folle, S'évapore à jamais vers les cieux vaporeux Tel le pourpre et le sang de mon cœur qui s'affole.
La feuille je t'envoie, et ceci languissant, Car pareil à mon cœur, elle se meurt, s'écoeure, Sans sa tige émincée au bois tout frémissant, Que sans cesse rêvant, dévotement j'effleure.
Les mâchoires d'un livre au papier spongieux, De versos et rectos assoiffés de souffrance, Pomperont sa substance au goût délicieux Comme ton souvenir, en mon cœur de faïence.