Dans l’immense plaine Au cœur glacé par la mort Tous les jours il pleut Dans cette tranchée immonde. La gadoue, la charogne servent de climat, Sur la dépouille de la nostalgie La folie envahit l’espace, Les oiseaux restent muets. Indifférent, perturbé, Les yeux rivés sur le vide Un soldat, à pas lent, cherche. Dans le crépuscule, dans la nuit, à travers la brouillasse, les nuages, En creusant la terre et dévisageant Chaque cadavre, chaque vivant. Le soleil d’hiver offre une nuance blanchâtre Le ciel de décembre a l’air pétrifié Et il poursuit la recherche ! D’un souvenir, d’une voix douce D’un amour disparut qui devient Ténébreux, grelottant, glacial Qui du front demain est anéanti.