Frère! On fait de vos jours des moments d'amertume Comme les quatre vents d'un hiver impétueux Frappant d'un coup tordu et l'oiseau perd sa plume Pourtant, vous combattez toujours les crimes odieux
Vous haissez le mensonge, votre vie est exposée Et vous avez encore en vous ce même esprit Qui rehausse et soutient les âmes brisées Vous êtes Patrie, celle qui saigne et qui sourit
On est à bout de souffle, pas un reflet de soleil On a faim, pas de pain et on est maltraité L'horreur emplit notre sainte âme jusqu'à notre oeil On luttait pour que ça change, on a fouetté
Cet esprit nait en vous la prise de conscience Prêchant le travail, coude à coude sans rancoeur Comme le savant frappé par l'échec de la science Le mal du pays toutefois vous ronge le coeur
Vous sentiez à vos yeux luire ce grand mystère: La vie. Peuple! Luttez pour le droit et la justice Vous le dites et, ne jouez pas le jeu du solitaire Tant que vous vivrez. O Dieu! Quelle injustice!
Vous visitiez ces gueux sous leur toit de misère Gisant, vous soutenez de votre voix désespérée Tous ceux que la misère abat, leurs cris sincères Qui comme vous pour la vérité sont torturés
- C'est ainsi qu'agissaient les dictateurs d'esprit Les bourreaux vous frappent de leurs mains impures C'est pour la liberté, dites-vous j'ai pas pris De l'adversité sombre habitent les âmes pures
Oh! Savez-vous de quoi vous êtes accusé Pourquoi vous êtes croupi derrière les barreaux? - Je n'en sais rien!... Et les actes que vous aviez posés Ces juges vils disent: Vous êtes des taureaux
Vous avez crié, abas l'autocratie Et le peuple court après votre idéologie Vive le progrès, oeuvre de la démocratie Qui ne dit pas que l'impérialisme est démagogie!
Frère! Le monde n'est point cette famille unie Qu'on parlait, une partie boit sa misère noire Tandis que l'autre vit en parfaite harmonie Ainsi, l'univers n'ira jamais vers la gloire.