La pierre dure et froide, La pierre creusée, la pierre ravinée La pierre grise, de granit moussu La pierre qui fige Le corps du gisant
Les siècles, les ères Et les vies qui passent L’été de chaleur L’hiver de bourrasques La pierre qui s’effrite La pierre dure et froide La pierre qui écrase Le corps du gisant
Les larmes, les cris Déchirant l’espace Se sont mués enfin En silence opaque Silence imposant De la pierre qui broie Années après ans Le cœur du gisant
A le contempler A prendre pitié Vous pourriez surprendre Une larme froide Encore engourdie Coulant de la pierre La pierre qui pleure Les larmes du gisant
Elle glisse éphémère Tel un ru salé De l’œil aveuglé Sur la joue séchée Telle une prière Issue de la pierre La pierre qui pleure Les larmes du gisant
Les ères s’éloignent Le corps allongé Immobile et roide Aux yeux révulsés Contemple à jamais L’espace glacé Où la pierre ronge Années après ans L’amour du gisant