On courait dans les champs, on marchait par les bois Pour saisir un bol d'air et le parfum de l'herbe, De toute la nature on se disait les rois Et chaque promenade avait un goût superbe !
Tu savais tout le miel caché parmi les fleurs, La trille de l'oiseau s'échappant d'une branche, Tous les chants et les sons, les éclats des couleurs, Et la saveur du pain, du saindoux sur sa tranche.
Tu m'appris à semer la justice et l'amour Et dans chaque sillon à poser une graine, A regarder la vie et la beauté du jour, Le coucher du soleil tirant sa rouge traîne.
Tu montrais du bon sens, la sève du travail, La peine et la douceur, le courage et la force, De celle qui cherchait jusqu'au moindre détail, Pour le greffer en toi sur tes bras ou ton torse.
Tu parlais au cheval comme on parle aux amis, Toujours en des mots vrais qui sont de belles armes... Dans mon coeur et ma tête, en vrac je les ai mis, Ils coulent dans le flot de la source des larmes.
Tu disais la prière utile au genre humain Pour partager le sort et lit de souffrance Et qu'un Père Êternel te tendait une main Pour conduire à la route ouverte à l'espérance.
Tu m'as offert ce livre afin d'aller partout, Plus loin que la maison et la petite école... Il m'a donné le vent et le meilleur atout, J'ai mis ma volonté, les deux mains dans la colle !
Tu connaissais la terre ! elle creuse un tombeau De bonheur et regrets sur le destin de l'homme ; Je voudrais revenir, d'un simple coup de gomme, A cette époque heureuse allumer ton flambeau !