Aigle et poète
Tout poète a son nid qu'il voudrait aux sommets,
Sur un rocher abrupt et dominant la terre,
D'où son ardent regard, perçant et volontaire,
Vers un monde meilleur, jaillirait à jamais !
Dans ce gouffre sans fond de l'esprit et du rêve,
Où se sont combattus les hommes et les dieux,
A mi-chemin de l'ombre et la clarté des cieux,
Un océan s'agite, à la vague sans trêve.
Du torrent vif, fougueux, pareil aux longs sanglots,
Des enfants, en grand nombre aux sources de naissance,
De toute la nature exaltant sa puissance,
Il pourrait juguler les courants et leurs flots.
L'aigle plane et se plaît à dompter le faîtage,
Frôle le précipice et la peau des versants...
Tout au long des ruisseaux voit les amours naissants
Et les porte en son aire, au bonheur en partage.
Aux portes du divin, l'antichambre du ciel,
La foudre s'y fracasse à la cime de l'arbre,
Réchauffant de son feu la froidure du marbre
Où tout s'oublie, un jour : l'existence et son miel !
Contemplant, de l'espace, un fabuleux domaine
Où la grandeur se mêle à la mysticité,
Une âme ouvre son aile à cette immensité
Pour esquisser le vol d'une aventure humaine.
Assis sur ma montagne où je cherche souvent
A puiser l'avenir au creux de la verdure...
Quand, lumineux, profond, le silence perdure,
Je me laisse porter par le souffle du vent !