Au Pays des trois rivières
Paysage étonnant, méandres paresseux,
Unissant terre et ciel en abysses profondes,
Les peupliers géants se mirent dans les ondes,
Aux brumes de satin des matins vaporeux.
Eclairant l'horizon et les humides plaines,
Aux reflets infinis des couchers de soleil,
L'astre du jour attend pour trouver le sommeil,
Dans cet immense lit aux rives incertaines.
Dans l'espace rêvé pour les grands migrateurs,
Canards pilets d'Afrique ou cendrés de l'Espagne,
Les barges à front noir que le vent accompagne
Font ballets incessants aux cadres enchanteurs.
Les barques à fond plat glissent silencieuses,
Offrant comme en régal les sauvages décors.
Sous le flot calme et clair les fonds cachent trésors
De sandres et brochets, pêches miraculeuses.
Le Château de Durtal, des Rois, ancien séjour,
Etale ses jardins. En ses portes ouvertes,
Il voit passer le Loir, riantes berges vertes,
Et du haut du rocher, le donjon fait sa cour.
Les moulins de la Sarthe, érigés en symbole,
Restent toujours debout, témoignage du temps.
Chaque rameau s'incline, en saluts palpitants,
Sur un bateau de bois, bucolique gondole.
Le lit de la Mayenne, au courant nonchalant,
Découvre en ses coteaux fières gentilhommières,
Un beau circuit tranquille, aux sentes cachottières,
D'un village paisible où l'on marche à pas lent.
Les rivières ensemble ont enfanté la Maine,
Dans le lit de la Loire, elle va guider leurs eaux.
Longeant les tours d'Angers, au chemin des bateaux,
Vers la mer infinie, un grand flot les emmène.