J'ai découvert l'Anjou parmi tous mes voyages, Des vallons généreux et l'étrange douceur ! Les rives de la Loire et son charme berceur Ont arrêté mes pas, mon âme et mes bagages.
Tel Monsieur Du Bellay, pour son Petit Liré, Se languissant toujours, ô mortelle souffrance ! En Regrets éternels de son berceau de France, Pour un vrai paradis, mon coeur a chaviré.
Parmi les genêts d'or, les arbres et les roses, J'entends encor parler les pierres dans le soir, Lorsqu'une ombre me frôle, à mon banc vient s'asseoir Et me souffle tout bas des rêves grandioses.
Tout se souvient ici, dans le creux des chemins, De ce temps vagabond, du malheur, de la peine, Du passage des Rois, du parfum d'une Reine, Ces siècles d'autrefois qui nous tendent les mains.
Sur le Fleuve Royal, langoureux et rebelle, L'histoire a déposé de splendides Châteaux, Des vignes au soleil sur le flanc des coteaux, Une gabarre errante au pont de la gabelle.
Tuffeaux, ardoise fine, un éclat du vitrail, Des souvenirs, flambeaux de l'époque romaine, Flot et soleil couchant de l'aventure humaine, Emporteront ma vie en îles de corail !