Errance de la mémoire
Quand le temps, tout à coup, s'égare de sa route
Et confond le présent, le futur, le passé,
Lorsque la certitude engendre absence et doute,
Vient le voyage obscur au parcours insensé.
Très doucement, l'oubli commence son ravage :
En chemin , tout se perd, la mémoire ou les mots,
L'esprit s'échappe au loin vers un autre rivage
Ou provoque, en fugueur, des gestes anormaux.
Tous les chiffres entre eux, sans trêve se bousculent...
On ne sait plus marcher ou bien compter ses pas !
Les rêves et projets, dans le néant, basculent
Vers l'abîme irréel, long couloir du trépas.
L'écriture, en sa fuite, échappe aux justes lignes
Et l'enfantin langage appelle un souvenir,
Pour retrouver peut-être, en secret, quelques signes
Que rien ne peut atteindre, agripper, retenir !
Dans l'inconnu d'espace où navigue la tête,
Est-il une autre étoile apportant ses rayons,
Ou ce terrible vent, le souffle de tempête,
Qui fait hurler la vague et briser les maillons ?
Dérivant, sans motif, du calme à la colère,
Ne reconnaissant plus, ni la nuit, ni le jour,
Sur les flots d'existence où vogue sa galère,
Ce coeur qui bat très fort a grand besoin d'amour.
De notre sort humain, la fin est tragédie,
Nul ne peut échapper à la faux de la mort...
Pour regarder sans peur la triste maladie,
Seuls l'espoir et la foi rendent l'homme plus fort !