Qu'il est loin l'encrier des pupitres d'école, Des tabliers cachant habits chics ou haillons ! Seuls les jeux du dehors supprimaient les baillons Qu'imposait le silence au nom du protocole.
Je me souviens toujours des lignes du tableau Que dessinait la main pour ouvrir la journée, Quelques mots de morale et de vie ordonnée Où la moindre valeur ne partait à vau-l'eau.
Cette carte de France accrochée dans la classe, Près de la mappemonde, étoile d'univers, Accrochait les regards de ces gamins divers Qui cherchaient comme un rêve au miroir d'une glace.
Apprendre avait ses lois, ses devoirs et son goût Que chacun retenait de façon différente ; La mémoire est sublime ou bien récalcitrante Et fait l'individu : génie ou touche-à-tout.
Une mouche volait ! Mais son bruit sur la vitre Attirait tous les yeux guettant la liberté De cet instant de joie et de complicité, Unissant dans la cour l'enfant sage et le pitre.
Quand venaient l'orthographe et la conjugaison De "prendre", "être et avoir", "répondre", "se soumettre", "Aimer" suivait "punir" dans la bouche du maître Qui glissait au cartable un mot pour la maison.
Aujourd'hui comme hier se poursuit l'aventure Où l'homme avance au rythme infernal du progrès... Ne laissons pas demain tomber dans les regrets D'un abîme insondable emportant la culture !