La chenille a, c'est vrai, le plus joli destin ! Elle naît minuscule et puis s'en va, se traîne, Ondulant parmi l'herbe, on la voit le matin, En manteau rouge et vert, son bel habit de reine.
Construisant, lentement, lit de soie et cocon, Dans son nid bien douillet, son écheveau dévide, Au fil du temps qui court, le palpitant flocon Qui donnera la vie à la frêle sylphide.
Baguette féerique ou dieu magicien, Un conte merveilleux, Peau d'Âne ou Cendrillon, Sous le regard ému du ciel praticien, L'étrange chrysalide enfante un papillon.
Dans un envol léger, soudain et gracieux, Il monte dans l'azur et découvre la rose, La fraîcheur du printemps dans la clarté des cieux, Et, butinant sans fin, s'enivre à toute chose.
Le coeur de l'homme aussi, chenille ou papillon, Est au plus bas parfois, tel ce lépidoptère... L'espoir est son cocon d'où vole en tourbillon, Son amour radieux tout autour de la terre !