La Loire... jeunesse
La rivière libre, fraîche et limpide,
Abrite, en ses a-pics si beaux,
Truites scintillantes, vives et rapides,
Et cache une kyrielle d'oiseaux.
Circaètes, milans, pies-grièches,
Côtoient dans une coulée émeraude,
Hérons et martins à la pêche,
Bergeronnettes fantasques en fraude.
Quittant ses gorges sauvages,
Suivant un chemin d'alluvions,
Chênes et saules offrant leur ramage,
Elle entre en civilisation.
Fière, la Loire avance vers Le Puy
Cité aux cheminées de lave,
Lieu de mystère ou souffle l'esprit,
Proche du ciel ainsi qu'un havre.
Moyen-Age et vie monastique,
Voilà ambierle, Bénisson-Dieu,
Des Abbayes, des Basiliques,
Paray le Monial et Charlieu,
Nevers et ses vieux toits pointus.
Venant à sa rencontre, la Nièvre
Offre à la Loire une étendue,
Des lieux qu'elle parcourt avec fièvre.
Hercule, dit la légende, pour modifier son cours,
Usa d'un stratagème entre Neptune et lui,
Rassembla tous les vents et promit son amour
A la belle Ligeria qui lui offrait son lit.
Eole, Borée, Notus, Eurus et Aquilon
Soufflèrent tous ensemble avec une telle violence,
Non pas le doux Zephyr, mais bien Septentrion,
Et l'orientèrent vers l'ouest malgré son insolence.
L'Allier offrant ses eaux en signe d'allégeance,
La loire acquiert alors une certaine noblesse,
Pour être digne des Rois et Reines de France.
Une première centrale, à sa grande détresse,
Et puis les vignes dorées de Sancerre et Pouilly,
Découvrant de l'Histoire ses trésors, ses richesses,
Saint Benoit et son site, aussi le Grand Sully,
Ses rives et son lit se métamorphosent sans cesse.
Continuant ses contours de bien belle élégance,
Arrive sur Orléans, d'où les anglais boutés
Par le petit Roi Charles et sa Jeanne de France.
Le Prince des Poètes, Villon emprisonné,
Le Pont de Beaugency, Chambord et ses méandres,
L'assassinat de Guise en son domaine,
Ronsard pleurant la Rose et sa belle Cassandre,
Et puis Denis Papin ouvrant une ère moderne.