Assise sur le sol, près du mur de l'église, La pauvresse couverte en manteau de haillons Se tient là sous l'averse, attendant des rayons, La pitié, de l'argent...que tout se mobilise !
Qui voit ce bras tendu, cet appel de la main ? La foule, tout autour, frôle l'indésirable Pour prier à genoux la vierge secourable En oubliant ce coeur placé sur son chemin.
Le visage marqué par les coups de la vie, Par la pluie et le froid, les morsures du vent, Laisse filtrer vers tous un regard émouvant, Un soupçon d'espérance, une lueur d'envie.
Mais le touriste passe, indifférent au sort Qui frappe sans scrupule à la première porte : Une autre créature, un étranger...qu'importe ! L'égoïsme à tout-va mène aussi vers la mort.
Aujourd'hui, trop nombreux en quête d'une obole, Aux bouches du métro, aux parvis et couloirs, Refuges de misère et sombres refouloirs, Il sont de notre époque un douloureux symbole.
Cette femme immobile et ce bout de carton Réclament en silence aussi le droit de vivre... On perd les mots, la voix, dans la neige et le givre Et le lit est trop dur revêtu de béton !
Qui ne voudrait savoir où l'existence mène, Du berceau d'aventure au gouffre du tombeau ? Mais si le ciel est bon et l'âme son flambeau, Rien ne doit étouffer notre sagesse humaine.