Il était une fois une étrange planète Tournant près d'un soleil dans un océan bleu Où des êtres vivants ont découvert le feu Qu'ils cherchaient chaque soir comme une devinette.
Ils dormaient nus, serrés, au creux d'humides trous Dans la nuit du hasard infinie et profonde, Ignorant les chemins, l'immensité du monde Et voyant dans l'orage un céleste courroux.
D'un destin fugitif, microscopique engeance, Ils suivaient le parcours, de naissance à la mort, Appliquaient à la lettre une loi du plus fort... Survivre avait ses droits : le crime et la vengeance.
Ils cassèrent la pierre au coeur dur et secret, A bout de bras l'espoir pour sortir de l'antique Et regardant le ciel, entonnaient un cantique Vers un possible Dieu d'un invisible attrait.
Voyageurs du désert ou défricheurs de routes, Ils avançaient plus loin vers le vaste horizon Pour poser l'existence ou savoir sa raison, Semer l'incertitude et récolter des doutes.
Le vent pousse une porte au fond d'un corridor, Une infime lueur nous fait sortir de l'ombre Donnant soudain la vie à l'unité du nombre, Au grain dans la poussière et la brillance à l'or.
La nature est un tout : de la fétuque au chêne, Du papillon du rêve au doux chant du ruisseau, De la goutte d'amour à ces cris du berceau... L'homme n'est qu'un maillon d'une sublime chaîne !