Une vache paissait ! Que voulez-vous, ma foi ? Son sort était de paître... Mâchonnant lentement dans son décor champêtre, A l'aube qui naissait. Un pique-boeuf agile Picorait, appliqué, le dos du bovidé, Défendant de son bec l'animal excédé, Guettant tel un vigile.
Pars sa vitesse, un train, D'un bruit étourdissant, vint rompre le silence, Provoquant alentour, remous et turbulence, Un mal contemporain ! L'oiseau blanc, fier et libre, Par le vent chahuté, cria de son perchoir : "Pourquoi sont-ils pressés, moi j'ai bien failli choir Et perdre l'équilibre !
Que diraient nos parents Qui voyaient la fumée et la locomotive ? L'allure, en ce temps-là, n'était pas aussi vive Et les gens différents !" "C'est vrai, reprit la vache, Maintenant tout s'emballe et même le poulet Ne vit que quelques jours...Je suis machine à lait Et toujours je cravache !
L'herbe aussi doit pousser, Mais aujourd'hui, l'ami, ce n'est pas un problème, La nature on la force et la tire à l'extrême, Parfois à l'harasser !" "Mais où donc s'en va l'homme Et son monstre de fer ?", lança le bel oiseau, "La voix du vent m'a dit que ce frêle roseau C'est un mystère, en somme !"