Le langage du corps
Depuis la nuit des temps, de l'Eden et la pomme,
Le langage éternel écrit le corps de l'homme !
Avant que naisse un jour l'époque du papier,
Tout racontait la vie et de la tête aux pieds.
Un propos venimeux, un cheveu sur la soupe,
Vous tendiez votre oreille avant qu'on vous la coupe.
On tirait, pour savoir, aussi les vers du nez...
Avoir du nez, parfois, vous rendait fortuné !
Lorsque le grand amour éclate et vous emmène,
On a le regard clair et les yeux de Chimène...
Quand un voisin vous jette un peu de poudre aux yeux,
Il se croit au-dessus et bien plus près des dieux.
Il vaudrait mieux souvent ne pas ouvrir la bouche,
Un silence est plus doux qu'un mauvais mot qui touche !
Et si tenir sa langue est dur pour un bavard,
Un clin d'oeil amical vaut tous les racontars !
Il faut serrer les dents, aiguiser sa mâchoire,
Puis les montrer aussi, marquer son territoire...
Se gratter le menton et réfléchir beaucoup
Quand un printemps fleuri passe la corde au cou.
On partage les torts, se frappe la poitrine,
Mais si l'amour est fort, tout coeur brûlant s'incline !
Pour qui montre son coeur comme un diaporama,
Rien ne peut, non jamais, rester sur l'estomac !
Souvent, pour de l'argent, on se fait de la bile,
Le destin a parfois un parcours malhabile !
Qui n'en n'a plein le dos de toujours s'éreinter
Et voir passer les jours, courir en dératé !
Marcher main dans la main pour se serrer les coudes,
Ou tourner les talons lorsque le conjoint boude...
Implorer, à genoux, de l'autre le pardon,
En cherchant la douceur, d'Achille le tendon.
La vie a ses revers, l'homme des pieds d'argile,
Tout tient en équilibre dans ce monde fragile !
On lutte au corps à corps sur un bonheur mouvant,
Un jour on perd la main, les pieds s'en vont devant !