Dans mon jardin, un lièvre avait trouvé refuge, Oreilles dans le vent, tapi dans le gazon... Dans le beau temps ou le déluge, Surveillant sans fin l'horizon, Gitant, lagomorphe immobile, Il vivait là, paisible, indolent et tranquille.
A quoi peut donc penser cet errant vagabond, Rêveur de liberté, grand penseur solitaire, Qui tout d'un coup, saute d'un bond ! Il semble dormir sur la terre, Oisif, heureux et monacal, On dirait un ermite en habit d'animal !
Conquérant mon regard et mon grand territoire, Ainsi ce bel ami, resta pour deux saisons, Chacun peut vivre sans histoire ! Le coeur a pourtant ses raisons, La vie allume au corps la flamme... Aux soirs de lune en rond, dansent désir et femme !
Lorsque tremble le coeur oubliant les amours, Les chiens et l'homme hurlant dans le plaisir qui tonne, Sur les sillons des frais labours, Quand souffle le vent de l'automne, Alors vient le temps de la peur... La mort ne peut pas être un don du Créateur !
