Les mots, à notre plume, ont leurs parfums en touches Où se dessine un monde au crayon des odeurs Et posent leur message aux vents ambassadeurs Qui les livrent en vrac aux bras, aux coeurs, aux bouches.
Parfois, ils vont se perdre au fond de l'univers Pour tourner, comme nous, dans la magique ronde Ou retombent en grêle à l'orage qui gronde Dans les mains du poète où mûrissent les vers.
S'unissant en secret pour des cris, des paroles, Ils lancent vers le ciel les appels au secours, Ourlent les sentiments de chagrins ou d'amours Et font jaillir l'espoir aux vives banderoles.
Leurs éclats lumineux dans les chants et les voix Font briller le regard et percevoir les larmes, Identiques sanglots au massacre des armes, Au grincement affreux des ultimes convois !
Compagnons d'existence et du séjour de l'homme, Ils naissent au berceau pour emplir un cercueil Ou laisser une trace aux pages d'un recueil, Avant daller rejoindre un divin métronome.
Avec le temps qui passe, auront-ils une fin, Ainsi que cette terre et notre race humaine ? Leur chemin est plus long que celui qui nous mène... Mais dans l'immensité, tout fil paraît si fin !