Quand s'éveillent les mots, dans le lit de l'aurore, A l'heure où la lumière efface le sommeil, Seront-ils de pluie ou clarté du soleil Pour un coeur généreux qui vit et bat encore ?
Au battement de cils, complice, encourageant, Naissent des mots d'amour et l'éclat du sourire... Un visage s'allume, adorable à décrire, Pour éclairer le ciel de ses rayons d'argent.
Sur un matin voilé, d'ennui, d'indifférence, Les mots ne viennent pas apporter leurs couleurs Ou de secrets parfums dans un bouquet de fleurs, Ineffable présent du jardin d'espérance.
Parfois, des mots frileux ont ce froid des hivers Qui glace le visage ou la beauté de l'âme ! L'on voudrait éviter que vacille la flamme Ou retenir l'étoile au ballet d'univers.
Lorsque meurent les mots sous un amas de neige, Le silence a toujours ce moment d'abandon Qui cherche , au fond de lui, la trace du pardon, Pour relancer la ronde à l'éternel manège.
Puis, tous ces mots perdus dans l'infini du temps, Jaillissent en longs flots de la mer et sa vague ; L'esprit, dans sa détresse, erre, explose ou divague, En déposant l'écume aux regrets repentants.
Les mots coulent sans fin d'une source lointaine, Arrosant l'existence aux fabuleux décors ! Ils sont souffle de vie et langage du corps, Cette eau vive et limpide, un chant d'une fontaine.