Les arbres de la côte
Ils ont ancré leur corps, accroché leurs racines,
Pour tenir l'ouragan,
Choisissant le regard et les lueurs divines
Du bord de l'océan.
Ils regardent la mer du plus haut de leur cime,
Immobiles guetteurs,
Unis comme en prière, en oraison sublime,
Les yeux admirateurs.
Ils voient passer le vent, l'orage, la tempête
Et les affres du temps,
Et gémissant parfois, en inclinant la tête,
Réclament le printemps.
Ils n'ont qu'un seul habit, un manteau d'espérance,
Pour l'hiver, pour l'été,
Qu'ils portent dignement, le temps d'une existence,
Face à l'immensité.
Ils guettent les bateaux, une coque, une voile,
Un espoir infini,
Admirant le soleil, la nuit, la bonne étoile
D'un monde indéfini.
Ils rêvent sur la dune, étendus sur le sable,
D'un amour attachant,
Dans le coeur un rayon, vibrant, impérissable,
Face au soleil couchant.
Ils observent, sans fin, le courant et la vague
Mourant sur le rocher.
Du flux et du reflux, l'esprit, tremblant, divague
Et vient s'amouracher.
Ils portent les oiseaux, légers dans leur plumage,
Ivres de liberté,
En ballets irréels, dansant, rendant hommage
Au vent d'éternité.
Ils attendent la mort, lorsque leur temps s'achève,
Epuisés mais sereins,
Ecoutant en silence, entonné dans un rêve,
Un beau chant de marins.