Vous pouvez condamner un poète au silence Et le mettre au secret, au fond d'une prison, Il conserve toujours sa rime et sa raison... Le bâillon ne tient pas sur l'âme qui s'élance.
Privé de nourriture et souffrant mille maux, Plongé dans l'ombre, seul, sans parchemin ni plume, Au cachot, dans sa tête un lumignon s'allume Pour éclairer le coeur, danser avec les mots.
Villon jouait sa vie au lacet d'une corde Provoquant la justice en faits et coups tordus : Testament de la mort, ballade des pendus... L'existence en son temps n'était pas monocorde !
Chaque époque a connu des écrivains maudits, Tués par le destin, le chaos d'une guerre, Un amour malheureux, de" jadis ou naguère"... Longs sanglots de Verlaine, absinthe et paradis.
Hugo, dans son exil, exaltait sa faconde Contre le grand pouvoir d'un petit dictateur ! Il pointait vers la France un doigt accusateur, Rien ne pouvait tarir une source féconde.
Dans mes vers et mon rêve, un sursaut du sommeil, Je vois partout la crainte, un regard de famine ! Parmi des sentiers creux, le troubadour chemine Pour cueillir les rayons au lever du soleil.
Les cris de liberté, désespoir ou colère Résonneront partout sur le monde en écho, Ballottés par les vents : aquilon, sirocco... Comme "Les Fleurs du Mal", éclats de Baudelaire !