Chacun connaît, parfois, des nuits comme des jours Où l'âme est en errance et la plume incertaine ! Les vers ne coulent plus, s'assèche la fontaine, Le regard du papier voit la fin du parcours.
Il semble vain de suivre un chemin long et triste Et de chercher ce souffle épuisant du bonheur... Mieux vaudrait s'en aller dans la gloire et l'honneur Plutôt que de vouloir la rime en secouriste.
Quand ce coeur condamné ne voit que le néant Et le vide absolu qui, lentement, l'assaillent, Se peut-il, en son sein, que les mots ne tressaillent Et qu'un petit espoir ne devienne un géant ?
Alors, d'une étincelle allumant une flamme, Jaillit un nouveau feu brûlant comme un soleil... Et la Muse renaît, sortant d'un long sommeil, Avec tous ses éclats et son amour de femme.
Tout paraît plus léger : le vol des papillons, La trille de l'oiseau, l'éveil de la nature, Le retour des lilas, du printemps d'aventure D'une existence heureuse aux joyeux tourbillons.
Car l'homme est ainsi fait, de joie et d'amertume, De silence et de bruit, de chaleur et de froid ! Large est son univers, pourquoi le voir étroit Et cacher un azur de ciel gris ou de brume ?