Une âme, on le sait tous, s'en va toujours ailleurs ! Les morts n'attendent rien aux lieux où ils reposent... On vient s'y recueillir et déposer des roses, Un bouquet de houx vert où de bruyère en fleurs.
Mais l'on s'y rend à l'aube, en espérant peut-être... Conserver, vigoureux et ardent, un amour Qui pourrait s'affaiblir et disparaître un jour, Dans l'abîme où se trouve à tout jamais un être !
Et l'on parle du temps ou récite des vers, Murmure en grand secret des mots bleus, doux et tendres ; Si parfois, en silence, on croit voir ou entendre, Ce n'est qu'ombre du vent dans le froid des hivers !
Les jours passent sans fin sur les tombes désertes... Compagnons du destin, ils marchent vers l'oubli, Sur le chemin poudreux des corps ensevelis, Où ne poussera plus l'espoir d'une herbe verte.
Pourtant, tout vit encore et semble tressaillir : La mer pousse la vague au creux fort des tempêtes Et l'image est tenace au regard du poète... Demain porte un printemps, des bleuets à cueillir !