Poète, connais-tu la puissance des mots, Compagnons d'existence et leur profond mystère, Venus du fonds des temps, en secret de la terre, Pour jaillir au soleil tel l'éclat des émaux ?
Sur la planète aussi vivent les animaux, Mais nul n'obtint le droit dont l'homme est légataire ! De ce divin langage, il ne voudrait se taire, Et pourtant la parole engendra tant de maux !
Si le verbe guidait l'âme gréco-romaine, Que de jours de terreur, sur l'aventure humaine, Furent semés de mort par de sombres discours !
Dans les déserts brûlants et la misère immonde, Je rêve que demain, en ultime recours, Un poème, à lui seul, pourrait changer le monde !