Les vieux vont lentement, se tenant par la main, Portant encore aux yeux cette petite flamme, Comme un rayon d'amour venant du fond de l'âme, Pour les guider ensemble au bout du long chemin.
Regardant un enfant courir vers la tendresse, Marcheurs aventureux, essoufflés par le vent, C'est leur passé qui file, éternel poursuivant, Flétrir la belle rose et son parfum d'ivresse.
Le visage, marqué par les profonds sillons Du labour des hivers, porte la même trace, Et si l'usure des jours en a flétri la grâce, La chaine de la vie a serré les maillons.
Epuisés, mais heureux, freinés par leur armure, Sur un banc isolé, songeurs, ils vont s'asseoir, Se rappelant l'émoi troublant du premier soir Qui faisait naître au coeur la source et son murmure.
Bientôt, l'un partira pour un trop long sommeil, Laissant l'autre aux matins bordés de solitude, En attendant la nuit, l'aube de lassitude Où le temps portera son tout dernier soleil.
D'un ultime regard vers le ciel qui se voile, Avant que sur son corps se pose le linceul, Trouvant enfin l'espoir de ne plus être seul, Il verra s'avancer l'inaccessible étoile !