Mon Père, ce rayon !
Soleil de mon enfance allumé dans ma nuit,
Souvent je t'aperçois, confident de ma peine :
Un calme sans pareil, l'attitude sereine,
Ce pouvoir paternel sur le chagrin qui fuit !
Pèlerin de l'espoir au bâton de tendresse,
Au son de l'angélus, tu posais ton béret !
A son réveil, dès l'aube, en semant au guéret,
La nature à ton âme offrait une caresse
Jardinier de l'amour et maçon du futur,
Nous bâtissions ensemble un verger, la chaumière...
Tout semblait comme un jeu, la foi dans la lumière,
Nul besoin de guetter, du ciel, l'imprimatur !
Défricheur d'absolu, de terre ou d'une étoile,
Un mot, un souffle un chant, tu voulais les saisir...
Au ruisseau, chaque goutte apportait son plaisir,
Et le bonheur dormait sous la divine toile.
Je garde, au fond de moi, ce temps comme un trésor,
Et ma vie au ciel clair d'un éclat s'illumine,
Quand aux sentiers plus creux, fatigué, je chemine...
Un rêve peut changer parfois le plomb en or !
Chacun connaît le doute, en quête d'un repère,
Cherchant son besoin d'être en ce monde incertain...
Dans le coeur d'un nuage ou l'espace lointain,
Je ne vois qu'un rayon, c'est ton regard, mon Père !
