Tous ces moulins de bois, tous ces moulins de pierre, Qui tournaient autrefois aux cieux, comme en prière, Sous le souffle des vents, Ont arrêté leur coeur et ronde aventurière Sur les progrès du temps.
Ces vieux moulins dans l'eau des rivières charmantes, Sur la rive meunière et les berges dormantes S'écroulent en lambeaux. En remous, tristement, les ondes nonchalantes Effleurent ces tombeaux.
Le vieux meunier qui dort dans la nuit éternelle, Aux blés et moissons d'or de la vie immortelle, Ne reviendra mâtines, Humer la bonne odeur grisante et naturelle De ses blanches farines.
L'homme, cet orphelin, si brave Don Quichotte Combattant les moulins, harnaché lance et cotte, Sa pauvre âme minée Ne pourra plus quérir, quand sa raison sanglote L'amour de Dulcinée.
Vestiges éparpillés, vieux piliers légendaires, Vos bras sont repliés, vous vivez solitaires, Beaux messages posthumes. Dispersés par le temps, mémoires grabataires, Les souvenirs sont brumes !