Musset...une âme romantique
Le saule a fait son ombre au sein du cimetière,
Mais l'oubli n'est venu recouvrir le tombeau !
Sa lyre chante encore, alerte, agile, altière,
Et porte le poète, ardent, tel un flambeau.
Au caprice enfantant joie et bonheur de l'âme,
La grâce, de son luth, lui donnait un baiser !
Car cet instant sublime, étincelante flamme,
Sa Muse et le zéphyr savaient l'apprivoiser.
L'impatient viveur qui ne pouvait attendre,
Mélange de débauche, alcool et pureté,
Perdu de solitude en nuit de mai si tendre,
Cherchait-il en ce fleuve un flot de vérité ?
Eternel amoureux, grand rêveur sous la lune,
Une perle de larme embellissait l'écrin...
Dans le lit des regrets, douleur, peine, infortune,
Chaque matin nouveau ravivait un chagrin.
Mais tout bonheur fugace, avec le vent, s'envole !
Pendant que de longs bras se nouaient à son cou,
Il n'a vu qu'un rayon, pas l'amante frivole...
Un femme, parfois, peut rendre un homme fou !
Comme le pélican, au bout de son courage,
Epuisé, pitoyable, il a donné son coeur
A ceux qui, d'un sanglot, dans un éclair d'orage,
Le portent jusqu'aux Cieux en aède vainqueur.
Regardez-le debout, le Prince de jeunesse,
Taillé dans le granit dont on fait les géants !
Que sa gloire en éclats dans un soleil renaisse
Du profond souvenir et de ses trous béants !
La porte grande ouverte et jamais refermée,
Voit défiler, frémir ses amours en lambeaux...
Au son d'une musique éclatante, acclamée,
Ses chants de désespoir resteront des plus beaux !