L'oiseau qui chante en la ramure, Un printemps doux et parfumé, Le goût de la fraise ou la mure, Tout se décrit, beau, transformé. Dans un quatrain vif et rimé Claquent le vent et la tempête... Rageur, tremblant ou désarmé, Ne tirez pas sur le poète !
Le rêve est son unique armure... Agressif, blessant, mal-aimé, Quand le remord le claquemure C'est Baudelaire ou Mallarmé ! Brillant parfois, même acclamé Comme un vainqueur, un grand prophète, Il lutte aussi pour l'affamé, Ne tirez pas sur le poète !
Etre flottant tel un lémure, Le coeur léger ou sublimé, Le vent qui tire son amure Souffle les cris d'un opprimé. Pour tout ce grain qu'il a semé Et les couleurs à sa palette, Peintre des mots sous-estimé, Ne tirez pas sur le poète !
Envoi
Soldats ! Du regard allumé, Otez le doigt de la gâchette, Il se veut un guide estimé, Ne tirez pas sur le poète !