Tout s'avance et bouscule au rythme des saisons Qui font toujours fleurir le muguet et les roses, Pourtant, je le constate, ont changé bien des choses Depuis ce sacré jour où j'ai vu mes vingt ans !
C'est vrai, j'ai dû grandir, car la terre est plus basse, Semblant plus dure aussi quand je fais mes labours... Mon jardin large et vaste a poussé ses contours, Je n'en vois plus le bout...il faut que je m'y fasse !
Trop courts se font mes bras pour lire mon journal, Auraient-ils des écrits réduit le caractère ? La vie est aujourd'hui cet étrange mystère Qui transforme une guerre en fait divers, banal.
Les gens parlent si bas que je tends mon oreille, La télé, la radio perdent parfois leur son ! Alors, au fond de moi, j'écoute une chanson, Souvenir d'une époque à nulle autre pareille !
Le miroir, maintenant, me fait des cheveux gris Et déforme sans fin les traits de mon visage, Il confond mon parfum et mon eau de rasage Et creuse plus profonds des sillons amaigris.
Le vent vient me freiner au milieu d'une côte, Son souffle s'est durci dans les pas des saisons ! Ce qui paraît bizarre aux nouvelles maisons, Ce sont les escaliers à la marche plus haute.
J'ai gardé dans mon coeur la fraîcheur et l'émoi, Dans mon âme et mon corps l'éternelle jeunesse... Mes copains ont atteint le seuil de la vieillesse, Dites, regardez-les ! Ils font plus vieux que moi...