Par delà l'océan, se cachait un mystère Plus loin que les alizés indolents Ou les rugissants en colère... L'aveugle immensité matait tous les marins, Aventuriers battus par la fureur des vents.
Par delà l'océan, on voyait des combats Pour quelques pièces de ce métal brillant, Des corps déchirés par les vagues, Des rictus à jamais figés sur des visages blêmes Et des balles fichées au fond de leurs entrailles.
Par delà l'océan, existaient des oiseaux, Des terres fertiles et des senteurs nouvelles, Des hommes fiers vivant en liberté, Assassinés au nom d'une belle chimère, Et des femmes perdant honneur et dignité.
Par delà l'océan, dans les feux de l'enfer Brûlaient tous les esprits des tribus massacrées Sur l'autel assassin de la cupidité, Le souffle ardent d'une ancienne culture Gonflant les voiles des caravelles d'or.
Par delà l'océan, il n'y a plus de mystère, Mais, quelquefois, les larmes des disparus Viennent heurter nos côtes désenchantées, Et quand le vent d'ouest fait éclater sa voix... On croît entendre hurler le peuple Des âmes oubliées !