J'ai donné l'infini d'espace à la grande ourse Et le vent caressant aux nuages pressés, Fait jaillir d'une larme une eau pure à la source, Eclater le soleil sur les matins glacés !
J'ai peint sur le printemps des tableaux d'aquarelle, Parfumé d'une rose et mis l'éclat divin Sur toute la nature à l'aube intemporelle, Offert le chant d'oiseau, sa plume à l'écrivain !
J'ai varié les saisons, le temps trop monotone, Imaginé l'été, le seigneur des moissons, La neige sur l'hiver, le souffle pour l'automne, Tout ce qui peut ourler la vie en grands frissons !
J'ai posé le contraste et l'ombre à la lumière, Les rêves de la nuit et la clarté du jour, La rosée à l'aurore, et toujours la première : Celle aux rayons d'argent avec de l'or autour !
J'ai vêtu chaque mer et les vagues d'écume Dessinant une robe aux coques des bateaux... L'océan, la montagne ont adopté la brume, Echarpe de coton par-dessus leurs manteaux.
J'ai planté ce bel arbre où se rougit la pomme, Conçu les animaux, le tigre et le serpent... Est-ce un rêve d'amour qui me fit créer l'homme Où la fatale erreur d'un Dieu qui se repent ?
Je ne regrette rien, car je suis l'espérance, Et mon paradis bleu ne peut être l'enfer... C'était pour éviter les chemins de l'errance Que mon unique Fils pour vous tous a souffert !