Pourquoi j'écris ?
J'écris l'espoir, la vie et l'astre qui scintille
Sur une pâle aurore où le ruisseau frétille.
Je vois le papillon aux ocelles nacrés,
Parle des amours bleus, de tous les arts sacrés,
Des oiseaux et leurs chants, du grillon domestique,
De la mer caressant la rive granitique.
Je dis qu'il est partout quelque chose de beau,
Mon regard prend sa flamme à l'éclat d'un flambeau !
Je veux peindre les fleurs, les couleurs de ce monde,
Mais aussi les plaisirs et la terre féconde.
Et moi, ce grain de sable au sein de l'univers,
Je suis là, tout petit, pour offrir quelques vers.
D'où me vient ce besoin, l'envie irrépressible
De conter le concret, de rêver l'impossible,
D'écrire au parchemin, dans un élan fougueux,
La misère et la nuit du désespoir des gueux,
De parler du désert, des trésors de Palmyre,
Du grand miroir sans tain où le futur se mire ?
Dans les flots d'une guerre où va sombrer la paix,
Je lance mon esquif pour sauver les aspects ;
En cherchant les trésors de la verte Atlantide,
Ne remonte des fonds que le passé fétide.
Parfois redevenant, moi, le simple songeur,
Je n'ai rien que ma plume, au lieu du bras vengeur !
Souvent je me demande, au bord de mon errance,
Si le bonheur choisit deux coeurs et l'attirance...
Quelle muse en ma tête est venue habiter ?
Elle aime mon jardin et ne veut le quitter...
De mes moindres secrets connaissant l'alchimie,
Sa présence est toujours douceur et harmonie.
Elle a tenu ma main au ravin de la mort,
Donné son élixir pour me rendre plus fort.
Dieu merci, quelquefois, de jeter la tempête,
Le reflux se fait tendre à l'âme du poète !
Dans le néant obscur, lorsque vient le trépas,
Je veux croire, avant tout, que l'esprit ne fuit pas.
