Pourquoi se tracasser à chercher une rime, Alors que désormais, sans règles et sans lois, Un délire de l'âme emporte, éteint, supprime Le labeur du poète ou ses fougueux exploits.
Un poème, autrefois, c'était une autre chose : Une musique, un mot, dans la complicité, L'épine ou le parfum capiteux d'une rose Dans le jardin secret de la félicité.
Jadis, au parchemin, la Muse millénaire Déposait un joyau niché dans un écrin, Ondulait, séductrice, amante imaginaire, Dans le balancement d'un bel alexandrin.
Elle avait des habits élégants et multiples, S'égayant de rondeaux, ballades et sonnets, Du temps des troubadours, racontait les périples, Et dormait dans les champs de bruyère et genêts.
Que reste-t-il enfin des artistes sublimes, Baudelaire et Ronsard, Villon, Victor Hugo ? Leurs vers sont éternels sur la neige des cimes, Qu'ils peuvent contempler du haut de leur ego.
La libre poésie est-elle décadence, Un chemin d'aventure où s'enlise l'effort ? Si les mots et leurs chants ne mènent pas la danse, Le bonheur va filer, courons avec Paul Fort...