Sous l'écorce du temps, d'où la sève s'épanche, Et nourrit le secret du sablier des jours, De printemps en hivers, de lundis en dimanches, S'écoulent les saisons, sans espoir de retour.
Dès l'aube qui s'éveille et prend l'ultime étoile, Habillé de lumière, un matin s'étourdit. Chaque soir, le soleil, le firmament se voilent Pour sombrer dans le gouffre ou l'abîme maudits.
Inexorablement, sans regarder derrière, Le vent, lui, continue sa route vers demain, Et tout usés, nos corps retournent en poussière, Quand la coupe vidée s'échappe de nos mains.
Et même si l'oiseau se hâte au crépuscule, Si l'arc-en-ciel se peint au bout de l'horizon, La pieuvre de l'oubli tient dans ses tentacules, Il ne reste que cendre et l'ombre d'un frisson.
Ainsi fuit l'existence, ainsi tourne le monde, Dans l'espace inconnu de ce vaste univers... Mais, pourtant, tout renaît sur la terre féconde Dans le chant du ruisseau, la musique des vers !
Chaque souffle de vie délivre sa caresse, Un baiser de l'amour, cet instant immortel Qui nous berce tout jeune et meurt dans la vieillesse, Pour une éternité près du céleste autel.