Sur le Rhone
Je vis sur un bateau, tout au bord de la rive,
Et pose sur le fleuve un songe ou ma raison...
D'un rayon de soleil, jamais je ne me prive,
Il entre, chaque jour, dans mon bonheur-maison !
Bercée au fil de l'onde entre ville et nature,
Souvent ma voix entonne un chant de liberté,
Près du ventre grouillant de l'intense aventure
Et des jardins fleuris de la diversité.
A deux pas de chez moi, court la longue prairie
Où nichent l'écureuil, le rire d'un bambin...
Le chemin mène à pied, au centre, à la mairie,
Et fait danser mon âme à ce beau rêve urbain.
Qui ne voit dans mes yeux la berge toujours verte
Où le vent vient sécher une larme, un torchon ?
La porte de mon coeur reste toujours ouverte
Comme à ce coin de rue où se cache un "bouchon" !
Le Rhône a sa douceur, mais parfois se réveille,
Se rappelant sa source et le flot des torrents ;
Il oublie au passage : étonnement, merveille...
Et montre sa puissance en fougue des courants.
Mais il se calme, aussi, par le pouvoir des femmes,
Dans leur divin regard ou le lit des amours,
Apaisant chaque crue, allumant toutes flammes,
Tel un vin capiteux en robe de velours.
Poussé par un mistral de colère et ravage,
Il laissera sa trace, un souvenir amer,
Puis s'étend, apaisé, ce compagnon sauvage...
Et les deux bras tendus, se jette dans la mer !