Un soir au crépuscule...
Je regarde le ciel embraser la nature
Les flammes de ses feux envahir l'horizon...
Ils brûlent plein d'ardeur, jusqu'au dernier tison,
Qu'un crépuscule avide, en son ombre, capture.
En rêvant, je contemple, assis sur mon rocher,
L'inlassable caresse, éternelle mouvance !
Chaque vague s'étale et doucement s'avance,
Puis revient vers la source à l'appel du nocher.
Je repense à mon sort, à ma vie éphémère,
Dont, sur un frêle esquif, j'ai dompté le courant...
Mais tel ce flot qui court et s'essouffle, mourant,
On retourne au berceau, vers le sein de sa mère.
Les souvenirs émus voguent sur mon esprit,
Aux embruns, je respire un parfum de jeunesse
Et voudrais que sur l'aube un seul éclat renaisse
Du parchemin des jours où tout parcours s'écrit !
J'ai connu l'océan de gloire et de puissance,
Navigué sur la houle avec foi, sans regrets,
Découvert des trésors et des rêves secrets,
Un amour éternel dans sa magnificence.
Si, parfois, le voyage a son temps incertain,
Sous des cieux alternés de calme ou de tempête;
J'ai choisi de vieillir philosophe et poète,
Et cueillir les rayons au soleil du matin.
Ce soir, ici, tout seul, avec ma certitude,
Je pêche le bonheur dans des filets d'argent,
Et l'emporte, là-bas, vers ce monde indigent
Où tout n'est que misère, errance ou solitude !
