Courbée à son ennui, le coeur en solitude, Le visage marqué par les rides du temps Et son regard perdu figé sur l'habitude, La vieille dame avance à pas lourds, hésitants.
Elle parle au silence, un compagnon fidèle, Et ses lèvres, parfois, murmurant quelques mots, Semblent souffler toujours la flamme à la chandelle Pour éteindre sa vie et la guérir des maux.
Elle sourit encore aux souvenirs dans l'ombre, Au creux de sa mémoire en cherchant la saison, Ne se rappelant plus ni leur âge ou le nombre De ses petits-enfants, les fleurs de sa raison.
Un rayon, ce matin, soulève sa paupière Et dépose son or au pastel de se yeux, Elle voudrait courir s'asseoir au banc de pierre Pour peindre l'azur de la voûte des cieux.
En ce jour, oubliant la chaise et la fenêtre Complices de l'attente et témoins du passé, Dans sa tête, elle voit : son fiancé, peut-être ? Un éclair a surgi dans le cerveau cassé.
Son horizon s'éteint dans un halo de lune, La parole s'en va dans un flot moins disert... Un maudit grain de sable envolé de la dune Provoque cette panne en l'immense désert !
Sur la nuit et son drap s'arrête son naufrage Pour retrouver le rêve au profond du sommeil... Lorsque l'aube viendra de l'ultime voyage Elle aura la chaleur des baisers du soleil.