Vivante mer
Qu'elle est belle la mer qui frémit, gronde ou tremble
Sous le voile d'azur où vient naître le jour !
On dirait que le ciel, en lui parlant d'amour
A décuplé l'ardeur, la soif de vivre ensemble.
Aux charmes languissants d'un long golfe arrondi,
La vague, de plaisir, s'étale, éclate ou fume
En laissant son habit, une robe d'écume,
Pour étonner le ciel et briller à midi.
Toujours recommencée à l'égal de l'Histoire,
Dans bien des nuits sans fonds et sans nulles clartés,
Des ténèbres obscurs naissent les libertés,
Du flux et du reflux perce l'aube de gloire.
Car malgré les climats, les sables différents,
Elle est toujours la même, et pourtant très diverse,
Son langage est unique et le monde converse,
Ecoutant cette voix : "parle et je te comprends" !
A l'oeuvre de Mozart, le prodige terrestre,
L'auditeur enchanté peut rester suspendu !
Mais le concert divin, l'avez-vous entendu...
Quand, sous la main de dieu, la mer est un orchestre ?
Rugissements, vacarme et baisers de vainqueurs,
Cris de joie ou d'espoir, chants de deuils, agonies,
Elle a tous les accords, toutes les harmonies
Du vent secret de l'âme ou la lyre des coeurs.
Qu'elle est belle aux rochers de granit noir ou rose
Lorsque l'astre descend au bout de l'horizon !
Le temps choisit sa robe au gré de la saison
Pour un tableau vivant dans sa métamorphose !
