Quand il s'en vint planter la première des vignes, Noé, ce vieil ancêtre, aurait-il pu penser Que sur ce beau sujet j'écrirais quelques lignes, En rendant gloire au cep qu'un jour il fit pousser ?
Etait-il en cette aube un prophète ou ce mage Qu'annonçait l'écriture au livre du divin, Pour qu'à chaque repas nous rendions cet hommage A notre Créateur en nos coupes de vin ?
Sans aller à l'outrance, ivresse ou beuverie... Tout est bon dans le sang que l'on dit du Seigneur ! On peut trouver toujours sagesse et rêverie En prenant du plaisir à boire avec bonheur.
Puisque la terre a soif d'égalité, justice, Partageons le breuvage et le simple ragoût, Et si parfois l'enfer réclame un armistice, Alors, laissons la place au paradis du goût !
Le raisin, cette grappe, est l'image du monde, On le cueille en douceur, on le presse à l'excès Pour récolter ce jus, parfois d'aigreur immonde, Mais dans chaque bouteille est échec ou succès !
Il pétille souvent dans l'éclat du champagne Qui rend belle la vie aux jeunes comme aux vieux Et met dans le regard l'appel d'une compagne Pour célébrer l'amour sous la voûte des cieux !