Au jardin des soucis, le peintre a mélangé Les couleurs du soleil au rire de sa belle ; Sans hâte il a semé, pour se souvenir d'elle, Parmi l’ombrage vert, ces touches d'orangé.
Sur le vase, il a feint le reflet inchangé D'un tissu oublié ; un voile de dentelle Qu'elle aurait emporté dans sa nuit éternelle Et dont il veut revoir le langoureux frangé.
Une larme est tombée avec les deux pétales Qu'il a peint tendrement, se déposant, si pâles, Sur le buffet miroir au mystérieux éclat…
Et ses doigts ont tremblé, tandis qu’à l'encolure Où moutonnait jadis la douce chevelure, Il rêve, en esquissant un soupçon de lilas.