Tu as trente ans révolus, vieux frère, Et tu lanternes toujours à la maison A la charge de ton père puis de ta mère. Tu erres, tu pleures. Tu as bien raison !.
Tu as voulu être d’une classe sociale ; Tu t’y es attelé, avec force et ferveur. Au prix d’une abnégation paradoxale, Tu as obtenu ton diplôme d’ingénieur.
Approbations, allégresse, promesse… T’ont procuré, un moment, une illusion Qui s’est estompée dans la tristesse En te noyant dans une rude commotion.
Enième dossier rejeté ; une spéciale Mention libère le message assassin : « L’expérience exigée n’est pas totale ! » Et tu recommences ce cycle du destin.
Tu veux accepter tout ce qui t’arrive Mais tu vois que des moins qualifiés Que toi, vont de l’autre côté de la rive Sans être ajournés ni disqualifiés.
Tu apprends que leur force se trouve Dans des arguments tels que l’argent, Le sexe, les relations… et tu éprouves Une haine, un désir de justice urgent.
Calme-toi et espère, mon pauvre frère. Tu ne resteras pas toujours chômeur. Un jour verra finir ta longue misère Et du travail, tu goûteras le bonheur.
