Jamais n’avez-vous remarqué Ces arbres alignés en lisière de chemin Comme s’ils attendaient d’être exécutés, Arrachés à quelconque destin. Ces mêmes arbres itinérants, Aliénant deux villes juchées Et pourtant témoins de genres différents. Des arbres soumis aux griffes de l’hiver. Ceux-là même sembleraient-ils fougères Brunes, duveteuses, mélangées, Bien avant l’été Que ses soupirants alliés Et le temps au tournant Ne sauraient compter.
L’art peut-il naître carné ?
Au bout de cette nature, Douce et malheureuse, Une ville foulée de pieds A la destinée hasardeuse Mêle son rose au vert échoué D’un ciel puritain. J’ai posé les miens longtemps il fut Quand ils étaient encore enfants. Sur ces trottoirs raisonnants, Sur ce goudron vivant Et brûlant sous le soleil estival. Ce rose si tendre sur ce sol sale… Je ne garde ni douleur ni brûlure. Que la joie d’avoir été de cette peinture. Et sans autre attente Que la grâce d’une autre vie dilettante.
Si l’exil m’a ceint le front d’aubépine Croyez-moi, Je n’oublie pas ma chère ville églantine.