je suis le fils du boucher j’ai été él’vé aux gobets c’était la viande à Bégonia la meilleure qualité extra si j’voulais aller au ciné j’fermais les grilles et j’balayais tous les soirs la même rengaine en attendant d’toucher ma s’maine j’ai épluché de la bavette j’en ai vidé des sales bêtes des loulépèmes des gros chapons perce pas l’fiel fais attention après avoir été dansé j’faisais des steaks ça comme épais Bégonia s’en apercevait mais jamais rien il ne disait c’était pas l’genre à prendre la plume mais à travailler à l’enclume pour me fabriquer une épée un chariot pour pouvoir jouer quelques fois il était distrait sciant un os il regardait une lam’dé au joli cul rappelle-toi son pouce fendu m’prêtait sa tire pour une virée la grosse avec un marchepied la trois cent un la vieille peugeot dés que j’ai eu l’permis auto il m’a appris l’jargon d’boucher l’argomuche des bas quartiers qu’on apprend pas dans les écoles leaubicharesse dans d’la pignole je l’porte en moi le louchébème on ne s’est jamais dit je t’aime on avait bien trop de pudeur il est laga au fond d’mon cœur je suis le fils du boucher j’ai été él’vé aux gobets c’était la viande à Bégonia qu’était l’surnom de mon papa