Les parfums s'embrassent en une clairière ombragée
Au centre, était le chant de l´oiseau, qui muait et devait devenir une mélopée silencieuse, au charme féminin. Dressé, près de la table, mi-pénombre mi-lumière, drapé de l´alcôve familier, je cessais de respirer pour humer.
Humer la musique tournante et douce, et leur valse de parfums ramener au frais les ombres du jardin. La fumée d'une cigarette s'étire dans la lumière comme un dimanche matin, qui traîne sans sentir les excès des veilles. C'est un chaton bleu, un satin nu.
Et le café noir, qui s'achève en une tasse comme un lac tranquille. Immobile.
- Écoutes !..... chhttt!....
C'est la radio, qui, d´elle-même s'est allumée, ronronnante comme un chat. Elle joue. "hey! tssss... watcth out!...." dans les contours de son accent terrible. Ses antennes bougent, comme un insecte familier. La cuillère. La petite cuillère.
Elle a peur, l'animal blessé. Elle a des sursauts. La tension. L'animal pris au piège, sur la table de bois noir et les miettes de pain.
La tasse de café frémit, et se renverse, et le sang glacé d'effroi, se renverse, et glisse dans un crissement de bloc de glace vers le rebord de la
table.
Tombe.
Sans bruit,
Que rien n'étonne.
Je glisse hors de l´ombre, picoté de lumière.
Et glisse. Et la tête me tombe.
Je suis tombé sur le plancher, et, endormi, je m'enfonce dans une eau de bois. De bois de sapin, de sève et de résine.
Allongé entre les pics des sapins, le ciel est bleu ou blanc, les aiguilles de pin me chatouillent et leur odeur s'évapore, en s´enroulant. Les parfums s'embrassent en une clairière ombragée.
Je dors.
