Souvent je pense à vous, Souvent j’ai peur pour vous, Souvent j’ai mal pour vous…
Vous avez connu la guerre L’oppression, l’humiliation, Vous avez vécu l’angoisse, Tapis dans une cave ou un grenier, Vous avez dû courber l’échine Par craintive complaisance, Pauvres sourires terrifiés Dans l’espoir vain de survivre…
Vous avez connu la trahison.
Souvent j’ai peur comme vous, J’ai mal comme vous,souvent La nuit ce malaise me prend…
Je suis des vôtres et je vous pleure, Vous qui n’avez pas osé, Menacés par des balles trop précises, Des tortures trop savantes, Par l’asphyxie…
Je pleure vos enfants innocents, Je pleure vos parents résignés Je pleure votre digne solidarité Dans ces trains sans retour Dans ces camps de la peine, de la faim, De la souffrance et du non-sens D’une mort aberrante Inconcevable bûcher.
Si souvent j’ai mal Par-dessus tout, j’ai honte Et vous demande pardon Au nom d’une pauvre humanité Si habile Pour le saccage et pour la destruction
Je l’implore ce pardon Et joins mes larmes aux vôtres Qu’elles lavent ce passé Sali par la bêtise et par l’intolérance D’une pensée unique.