A sa naissance, par une chaude nuit d’été Il avait été abandonné sur les durs pavés De sa ville natale. Il ressentit cet abandon Comme une déchirure, un vide permanent Qu’il essayait de combler en buvant. Il aurait voulu en parler à ses enfants Qui souffraient d’un manque continuel D’affection. Son incapacité perpétuelle D’exprimer son amour le tourmentait Et pour échapper à sa douleur, il rêvait De quitter cette ville détestée pour aller Sous d’autres cieux. Il ne voulait pas répeter La même tragedie qui traumatiserait Ses enfants à vie. Il choisit d’échapper A sa douleur en buvant au lieu de quitter Ses enfants. Il buvait par tous les temps Cet elixir magique lui permettant De se libérer de la colère, la haine, l’envie En ignorant sa déchirure, l’enfer de sa vie Et de dormir la nuit sans toujours se réveiller En sursaut, le coeur palpitant, la poitrine serrée Les mains moites par des rêves insensés. La vie de ses enfants avait été amère Mais ils savaient que celle de leur père Avait été encore plus pénible, ils l’aimaient Avec ses défauts, ses qualités , en espérant Que leur papa, enfin sobre, puisse un jour Connaitre la sérénité et l’amour.
