En maillot de bain, torse nu Bronzé par ce soleil sans pareil D'Alexandrie, le regard vers le ciel Hypnotisé par le bruit continu
Des vagues se brisant sur les rochers Je venais toujours seul m'asseoir À cet endroit pour mieux voir Le bleu infini qui stimulait mes pensées.
J’allais partir le coeur serré De cette terre devenue inhospitalière Pour poursuivre ma vie ailleurs Je devais me désister de ma nationalité
Pour quitter mon pays avec un laissez Passer sans retour. J’aurais voulu Eviter le déracinement, peine perdue Avec le président Nasser bien décidé
D’en finir avec les juifs du Nil. J’ étais attristé de laisser mes parents Dépassés par les évènements Et qui voulaient rester dans cette ville,
Ce pays qui jusqu’à ce jour les avait Nourri. Je comprenais leur tourmente Leur désir de rester dans l’attente De meilleurs jours, leur peur de quitter.
Résilient, je dis adieu à ma terre natale Mes parents, ma famille. Une page de ma vie Fut tournée, en me trouvant un autre nid Dans des terres éloignées en aval
De ce pays qui ne voulait plus de moi. De nous juifs du Nil. J’ avais résisté Avec courage, dignité, aux difficultés De ce départ forcé sans perdre ma foi.
Cinquante années vécues loin de l’Egypte Ne m’ont pas perturbé. Ma rconnaissance Va à la nation américaine pour sa tolérance Et la liberté qu’elle m’a octroyée sans dette
En me permettant de vivre dans la sérénité Et de m’épanouir sans condition, moi Le déraciné de la terre du Nil à tout jamais.